
Publié le
Par Sylvain Melchior
TOGAF ou Zachman?
Au cœur de TOGAF se trouve l’Architecture Development Method (ADM) : un cycle qui accompagne les organisations depuis la préparation initiale jusqu’à la gestion du changement à long terme. Chaque phase de l’ADM produit des livrables : cartes de capacités, portefeuilles applicatifs, feuilles de route technologiques, rapports de gouvernance. Ces livrables sont structurés par un métamodèle de contenu et stockés dans un référentiel d’architecture, garantissant traçabilité, cohérence et réutilisation.
La force de TOGAF réside dans sa gouvernance. Il définit des comités d’architecture, des revues de conformité et un Enterprise Continuum qui encourage les organisations à réutiliser des architectures de référence et des standards sectoriels. C’est pourquoi TOGAF est devenu le cadre d’architecture d’entreprise le plus largement adopté dans le monde, soutenu par un écosystème global de certifications. Dans les grandes entreprises, il apporte la crédibilité, l’auditabilité et la rigueur nécessaires à la conformité réglementaire.
La richesse de TOGAF est souvent vue à la fois comme une force et comme un défi. Sans adaptation, il peut générer une documentation lourde et ralentir la mise en œuvre. La 10ᵉ édition (2022) a répondu à cela en mettant l’accent sur la modularité et l’agilité, avec des guides sur les pratiques agiles, l’architecture métier ou encore la sécurité. De nombreux praticiens considèrent aujourd’hui TOGAF moins comme un code rigide que comme une boîte à outils flexible, en conservant ses principes de gouvernance tout en appliquant l’ADM de manière itérative, en parallèle de la livraison agile et de la migration vers le cloud.
En résumé, TOGAF est le manuel de l’architecte : il fournit méthodes, gouvernance et livrables pour piloter des transformations complexes sur plusieurs années. Il reste particulièrement pertinent dès lors qu’il s’agit de conformité, de gouvernance transverse ou de changement à grande échelle.
La nature de chaque cadre
TOGAF et Zachman abordent l’architecture d’entreprise sous des angles différents :
- Zachman fournit une ontologie : une manière structurée de classer les artefacts. Il pose la question « Quels artefacts doivent exister ? » mais pas « Comment doivent-ils être produits ? ».
- TOGAF fournit une méthodologie : un processus étape par étape pour définir, produire et gouverner ces artefacts. Il pose la question « Comment passer de la vision à l’implémentation ? ».
Combinés, Zachman assure la couverture, et TOGAF assure la gouvernance et la mise en œuvre.
Forces et limites comparées

Forces et Limites comparées
Pertinence moderne des deux cadres
Depuis leur création, le paysage de l’IT d’entreprise a radicalement évolué : cloud computing, méthodes agiles, DevOps, prise de décision pilotée par l’IA, gouvernance des données et souveraineté numérique. Les cadres conçus dans les années 1980 et 1990 sont-ils encore d’actualité ?
Pourquoi TOGAF reste pertinent
La 10ᵉ édition de TOGAF (2022) a été explicitement conçue pour moderniser son rôle. Elle a introduit la modularité en divisant le cadre en contenu fondamental et guides spécialisés, permettant aux organisations de commencer petit puis d’élargir avec des orientations spécifiques (intégration agile, sécurité, architecture métier, etc.). Elle a également clarifié la dimension agilité, en montrant comment appliquer l’ADM de manière itérative et en évitant le stéréotype “en cascade” souvent associé aux versions précédentes. Enfin, TOGAF a renforcé son intégration avec la stratégie métier, en mettant davantage l’accent sur les capacités, les chaînes de valeur et les résultats, plutôt que uniquement sur les actifs IT.
Pour les grandes organisations, TOGAF reste précieux car il répond aux enjeux de gouvernance, de conformité et d’auditabilité — des préoccupations amplifiées par des réglementations telles que le RGPD, NIS2 et DORA.
Pourquoi Zachman reste important
Zachman peut sembler abstrait, mais sa force réside dans son intemporalité. Les six interrogatives (quoi, comment, où, qui, quand et pourquoi) restent fondamentales pour comprendre tout système d’entreprise. Son universalité en fait un outil pédagogique dans les universités, un outil de cadrage pour les missions de conseil, et un socle pour de nombreux cadres dérivés.
Dans les contextes où les méthodologies lourdes paraissent disproportionnées — municipalités, PME ou projets en phase initiale — Zachman offre une grille simple pour garantir la couverture, sans imposer de méthode de mise en œuvre. Son influence perdure également dans des domaines connexes tels que la gouvernance des données, les cadres de sécurité ou la gestion des connaissances, où sa taxonomie continue d’être réutilisée et adaptée.
Les combiner
TOGAF et Zachman ne sont pas des rivaux. Ils répondent à des besoins différents :
- TOGAF apporte la méthodologie, la gouvernance et les livrables pour la transformation d’entreprise.
- Zachman fournit la taxonomie et la couverture pour s’assurer que toutes les perspectives sont prises en compte.
En pratique, les organisations utilisent Zachman pour définir quels artefacts et vues doivent exister, et TOGAF pour définir comment ils doivent être produits et gouvernés. Des outils comme Boldo rendent cette combinaison opérationnelle : les cellules de Zachman deviennent des cartes vivantes de données, processus et applications, tandis que les livrables de TOGAF se transforment en feuilles de route visuelles et en tableaux de bord compréhensibles par les dirigeants.
La perspective de Boldo
Pour les DSI et les architectes d’entreprise, le défi n’est pas seulement de savoir quel cadre choisir, mais comment le rendre applicable en pratique.
- TOGAF peut entraîner une surcharge de processus et de documentation.
- Zachman peut rester abstrait et académique.
Boldo fait le pont entre les deux mondes :
- Il convertit les cellules de Zachman en cartes vivantes (applications, processus, données, infrastructures).
- Il traduit les livrables de TOGAF (roadmaps, modèles de capacités, plans de migration) en tableaux de bord visuels compréhensibles par les dirigeants.
- Il évite la paralysie liée au sur-détaillage, en livrant de la simplicité sans sacrifier la rigueur.

Piloter le changement
Conclusion
TOGAF et Zachman ne sont pas opposables mais complémentaires.
- TOGAF apporte structure, gouvernance et une méthode internationalement reconnue pour piloter des transformations pluriannuelles.
- Zachman apporte clarté, taxonomie et universalité, que ce soit pour le cadrage, la pédagogie ou la garantie de complétude.
Ensemble, ils offrent à la fois couverture et gouvernance. Avec Boldo, ils deviennent pratiques, visuels et collaboratifs, adaptés aux réalités de la transformation numérique actuelle.
Tout comme les chimistes ont besoin à la fois du tableau périodique et des méthodes de laboratoire, les architectes d’entreprise bénéficient à la fois de l’ontologie de Zachman et de la méthodologie de TOGAF. La vraie question n’est pas « Lequel choisir ? », mais « Comment les intégrer et les rendre utilisables dans la pratique ? ».
FAQ
Qu’est-ce que TOGAF ?
Une méthodologie mondialement reconnue pour l’architecture d’entreprise, avec l’ADM, la gouvernance et un référentiel.
Qu’est-ce que le cadre Zachman ?
Une taxonomie basée sur une grille 6×6 d’interrogatives et de perspectives, garantissant la complétude.
Quelle est la différence entre TOGAF et Zachman ?
TOGAF est une méthodologie ; Zachman est un schéma de classification. Ils sont complémentaires, non concurrents.
Quels sont les risques liés à l’utilisation de TOGAF ou de Zachman ?
TOGAF : ses phases détaillées et livrables peuvent parfois générer une documentation abondante et ralentir la prise de décision s’il n’est pas adapté.
Zachman : sa critique principale est l’abstraction. La grille 6×6 garantit la couverture, mais comme elle ne propose pas de méthode de mise en œuvre, les équipes peuvent avoir du mal à passer de la taxonomie à l’exécution si elle est utilisée isolément.
La meilleure approche consiste à adapter les deux : utiliser Zachman pour le cadrage, TOGAF pour la gouvernance, et garder les artefacts légers et orientés résultats.
Comment obtenir une certification TOGAF® ?
La certification TOGAF® est délivrée par The Open Group et nécessite de réussir deux examens. Les candidats peuvent se préparer en autonomie ou via des formations accréditées. Il existe deux niveaux :
TOGAF® Foundation (Level 1): valide la compréhension des concepts de base, de la structure, de la terminologie et des principes de l’EA avec TOGAF®.
TOGAF® Certified (Level 2): approfondit le niveau Foundation et démontre la capacité à analyser et appliquer les concepts TOGAF® en pratique.
https://www.opengroup.org/certifications/togaf-certification-portfolio

Du pourquoi au comment : traduire la mission en capacités métier.
~5 minutes

Pourquoi les DSI ne peuvent pas ignorer la cartographie des organisations ?
~6 minutes